Il y a des mots qui transportent des imaginaires puissants.
La Réunion est un nom qui évoque un paradis tropical, une île baignée de lumière, de luxuriance et d’exotisme. À bien des égards, elle semble correspondre aux descriptions des pays de cocagne. Mais à quoi, à qui rêvent les petites filles qui naissent là-bas ? Leur vie épouse-t-elle réellement les contours de l’image que l’imaginaire collectif s’est forgé ?
Dans un travail de déconstruction mentale et visuelle, Axelle Aldon élabore un conte malicieux, plus grave qu’il n’y paraît.
Par le biais de l’image, elle interroge la construction des récits, des souvenirs fragmentés et des identités façonnées par l’ailleurs.
Son langage oscille entre le livre et le mur, entre l’île et le continent, révélant une circulation des regards et des désirs où l’éloignement devient à la fois moteur et mirage.
Le titre de son livre, Goyave de France, emprunte une expression réunionnaise : cette formule, teintée d’ironie, traduit une aspiration parfois maladroite à s’aligner sur un idéal venu de la métropole ou de la culture de masse, à chercher dans l’ailleurs une perfection fantasmée.
À travers cette exploration sensible, Axelle Aldon nous invite à un jeu de miroirs où se reflètent les illusions et les attentes. De quel poids pèsent nos images intérieures ? Pourquoi idéalisons-nous ce qui nous échappe ? Que révèle ce regard projeté sur un ailleurs inaccessible ?
Par un travail remarquable du design éditorial, Axelle Aldon déploie son œuvre dans notre l’espace, prolongeant la logique du livre sur les murs. Son approche tisse des liens entre l’intime et le collectif, entre l’insularité et la circulation des représentations.
En déconstruisant les visions figées, elle nous convie à repenser nos imaginaires et à réapprendre à regarder.
Travail réalisé avec le soutien de l’Institut Supérieur des Arts et du Design de Toulouse
Rejoignez nous le 7 mars pour le vernissage à partir de 18h