“À Amsterdam, j’avais inventé des intrigues et idylles en m’inspirant de faits de mon enfance et adolescence, l’éloignement de mon village familial en France me rendant téméraire.
Vu de là, Aumont semblait presque un endroit imaginaire, un village comme dans une pièce, qui, bien que les rues et immeubles en soient réels, ne sert que de décor à des histoires, noires ou roses.
Je voulais montrer ce village sans le nommer, a l’aide d’un registre systématique réaliste afin de renforcer cette irréalité. Ayant exagéré, l’équilibre entre vérité et fiction devait être rompu. La moindre rue, le moindre bâtiment était devenu reconnaissables, et peut-être les gens l’étaient-ils aussi. Les photos, identifiant les lieux de manière définitive, étaient preuve de ce que mes histoires contenaient.
L’intrigue se porte à présent sur la perception et l’interprétation, influencés par les traditions et le cycle de vie.
Je constatais des similitudes entre mes enfants et ma grand-mère. Pendant que les uns découvraient la réalité, elle en perdait le sens. Alors qu’ils essayaient de concrétiser le monde qui les entourait, celui de ma grand-mère se désagrégeait
Entre-temps, en des reconstructions infinies, aléatoires, équiprobables, en une recherche du réel, s’est élaboré comme un jeu de pierre-papier-ciseaux.”
– Géraldine Jeanjean